Plus que le mortel ennui d'une vie répétitive, c'est une indifférence, une absence de résistance à la vie que Baricco suggère en ouvrant son roman par quelques phrases laconiques, purement énonciatives. Au début, Hervé Joncour fait penser à un spectateur repu qui se refuserait à intervenir dans la pièce qui se joue, et qui pourtant parle de lui.
Voyageur en quête d'œufs de vers à soie, il se voit contraint, pour sauver les industriels de son village, d'effectuer une expédition "jusqu'au bout du monde". Or, en 1861, la fin du monde, c'est un Japon qui sort à peine de son isolationnisme, et, qui plus est, de mauvaise grâce. Et c'est au Japon que la vie du héros prend un tour nouveau en croisant celle d'une femme mystérieuse.
À la fin du roman, plusieurs années se sont écoulées, qui ont paru un battement de cils raconté en douceur par une voix neutre qui a fait défiler sous nos yeux, tels des panneaux de papier de riz, les séquences successives de cette vie impalpable traversée par des personnages d'ombre subtile.
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