Une poire Pour La Soif

James Ross

Language: French

Published: Oct 18, 2011

Description:

Un meurtre n’est pas rien. C’est mal, même. Non seulement j’étais mêlé à un meurtre, mais apparemment tout ce que j’allais en tirer c’était de l’expérience.” Criblé de dettes, Jack a vendu sa ferme, sa vache et sa récolte hypothéquées pour tenter sa chance comme employé dans le tout nouveau roadhouse de Smut Milligan, une sorte de restaurant-dancing. Acculé par les traites, Milligan a commis un meurtre dont Jack a été le complice. Mais Milligan tarde à partager le magot. Dans cette petite ville de Caroline du Nord où la misère bat son plein, les esprits s’échauffent. Auteur de ce seul livre dont le réalisme et la vision pessimiste de la société américaine frappèrent profondément les esprits lors de sa publication en 1940, James Ross fut salué par Raymond Chandler, qui vit en lui l’un des plus éminents représentants du roman noir. Un roman de la dépression, unique à plus d’un titre. 


Ce livre maudit n'est connu que de quelques connaisseurs. Il n'a pas connu le succès aux Etats-Unis lors de sa publication en 1940, parce que les critiques l'ont jugé "choquant". Sa traduction en français a été mal diffusée à cause de difficultés rencontrées par son éditeur. Pourtant Chandler avait repéré "ce récit sordide et complètement corrompu d'une petite ville de Caroline du Nord".

C'est un des rares livres qui donnent une sensation de contact immédiat avec la réalité ; c'est sans doute cela qui a choqué, d'autant que la réalité en question est parfaitement sordide, et que les lignes consacrées à la violence sont insupportables. Ce naturel est obtenu par une construction habile au point de se rendre invisible. D'autres écrivains, comme Steinbeck, aiment les architectures à poutres apparentes : ici rien ne se voit, tout semble couler de source, on est délicieusement dupe de l'art de l'écrivain et la recherche des procédés qu'il a si bien cachés fascine. Le sommet est atteint au chapitre 15, point d'orgue du livre. Les héros, petits truands imbibés d'alcool, se partagent pendant un moment de calme le journal du coin ; ils lisent et commentent à leur façon la rubrique "courrier du coeur". Dickens n'aurait pas renié ce passage - et il aurait d'ailleurs certainement aimé le livre dans sa totalité.