Le faucheux (le titre original est "The
long-legged fly", on pense au "long good-bye" de
Chandler) ouvre un cycle de six romans* et se décline en quatre chapitres. 1962,1970,1984,1990.
Quatre intermèdes précédés d’une genèse brutale – l’assassinat d’un homme par
un inconnu, qui n’est autre que le "héros" lui-même, comme on l’apprend
un peu plus tard.
Quatre périodes plus
ou moins heureuses de l’existence de Lew Griffin, un Noir de la
Nouvelle-Orléans d’abord détective privé puis, sur la fin de sa vie, écrivain
racontant sa propre histoire.
Ses enquêtes
concernent essentiellement des personnes disparues. Des jeunes femmes, le plus
souvent, comme Corene Davis, cette activiste noire qui s’est volatilisée entre
New-York et La Nouvelle-Orléans ; comme Cordelia Clayson, étudiante prometteuse
et rangée ; comme Cherie, rattrapée de justesse dans une gare routière
Greyhound.
Retrouver des gens, d’accord,
mais dans quel état ? Arrive un moment où Griffin se montre impuissant, et
parfois même trop absorbé par sa propre vie, marquée par l’échec et la perte, l’alcoolisme,
la solitude malgré les amitiés amoureuses (LaVerne) ou les amours amicales (Vicky).
Retrouver des gens ?
En suivant leurs traces, c’est d’abord sur les siennes qu’il se lance, dans une
quête de lui-même, sans qu’il sache bien ce qu’il cherche ni même ce qu’il a
perdu en chemin. Ses allées et venues ressemblent à des cheminements intérieurs.
Effet miroir avec une ville étrange et mouvante. "C’était comme si l’image
que la ville avait d’elle-même et ses efforts pour vivre en accord avec cette
image n’avaient cessé de se modifier. Elle était espagnole, française, italienne,
antillaise, africaine, coloniale ; elle était en même temps la ville des
fêtes et des mirages et le bastion de la culture sur une terre nouvelle ; elle
était une ville bâtie sur le dos des esclaves et, parallèlement, une ville où
de nombreux notables avaient été des gens de couleur libres ; la ville s’adaptait,
à l’infini. "
Mouvante comme l’humeur
de Griffin, qui flotte sans cesse au gré de la marée, entre dépression et
rédemption, la tristesse chevillée au corps comme le boulet au pied de l’esclave,
puisqu’il est aussi question de l’Homme Noir ici, comme dans les opus suivants.
Description:
Le faucheux (le titre original est "The long-legged fly", on pense au "long good-bye" de Chandler) ouvre un cycle de six romans* et se décline en quatre chapitres. 1962,1970,1984,1990. Quatre intermèdes précédés d’une genèse brutale – l’assassinat d’un homme par un inconnu, qui n’est autre que le "héros" lui-même, comme on l’apprend un peu plus tard.
Quatre périodes plus ou moins heureuses de l’existence de Lew Griffin, un Noir de la Nouvelle-Orléans d’abord détective privé puis, sur la fin de sa vie, écrivain racontant sa propre histoire.
Ses enquêtes concernent essentiellement des personnes disparues. Des jeunes femmes, le plus souvent, comme Corene Davis, cette activiste noire qui s’est volatilisée entre New-York et La Nouvelle-Orléans ; comme Cordelia Clayson, étudiante prometteuse et rangée ; comme Cherie, rattrapée de justesse dans une gare routière Greyhound.
Retrouver des gens, d’accord, mais dans quel état ? Arrive un moment où Griffin se montre impuissant, et parfois même trop absorbé par sa propre vie, marquée par l’échec et la perte, l’alcoolisme, la solitude malgré les amitiés amoureuses (LaVerne) ou les amours amicales (Vicky).
Retrouver des gens ? En suivant leurs traces, c’est d’abord sur les siennes qu’il se lance, dans une quête de lui-même, sans qu’il sache bien ce qu’il cherche ni même ce qu’il a perdu en chemin. Ses allées et venues ressemblent à des cheminements intérieurs. Effet miroir avec une ville étrange et mouvante. "C’était comme si l’image que la ville avait d’elle-même et ses efforts pour vivre en accord avec cette image n’avaient cessé de se modifier. Elle était espagnole, française, italienne, antillaise, africaine, coloniale ; elle était en même temps la ville des fêtes et des mirages et le bastion de la culture sur une terre nouvelle ; elle était une ville bâtie sur le dos des esclaves et, parallèlement, une ville où de nombreux notables avaient été des gens de couleur libres ; la ville s’adaptait, à l’infini. "
Mouvante comme l’humeur de Griffin, qui flotte sans cesse au gré de la marée, entre dépression et rédemption, la tristesse chevillée au corps comme le boulet au pied de l’esclave, puisqu’il est aussi question de l’Homme Noir ici, comme dans les opus suivants.