Dans une villa cossue du Vésinet, Richard, médecin réputé, vit avec Eve. Tous deux, aux yeux du monde, semblent former un couple ordinaire. Mais alors pourquoi Richard enferme-t-il Eve à double tour quand il s'absente? Pourquoi ces gifles, ces hurlements, ces humiliations quotidiennes? Pourquoi, surtout, Richard oblige-t-il régulièrement Eve à se prostituer sous ses yeux?
Paru en 1984, "Mygale" est pour moi sans conteste l'oeuvre maîtresse de Jonquet. C'est son roman le plus noir, le plus diabolique, le plus glauque, le plus monstrueux, et en même temps le plus humain, le plus poignant. Sur le plan formel, c'est aussi le plus sophistiqué, puisqu'il fait alterner avec beaucoup de maîtrise trois récits (qui finiront bien sûr par se rejoindre) et deux modes de narration (le "il" classique et le "tu" plus expérimental).
A la fois élégante et froide, précise et neutre, arachnéenne et chirurgicale, l'écriture instaure dès les premières pages un climat étrange, inquiétant, hypnotique. On sent très vite qu'on a mis les pieds dans une histoire cauchemardesque, mais ce qu'on ne saisit pas d'emblée, c'est la nature exacte de ce cauchemar. On devine qu'un secret aberrant lie Eve à Richard, mais lequel précisément, impossible à dire. Et puis, au fil des chapitres, peu à peu, pan par pan, la vérité commence à émerger, à prendre corps. Une vérité invraisemblable, inconcevable, inimaginable! L'horreur au dernier degré!
Ce livre est plus qu'un polar. C'est une leçon de ténèbres.
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