La Belle de Fontenay, c'est une variété de
patates, que l'on connaît aussi sous le nom de Hénaut. Verte, délicieuse, très
ferme à la vapeur, se récolte à partir de juin. Mais cependant très fragile,
nécessite du boulot. Voyez, l'ignorance est déjà chose du passé.
La raison de cette introduction potagère,
c'est la passion de Enric Jovillard, le narrateur de ce livre. Enric a la
soixantaine, célibataire, pas d'enfants, et jardinier compréhensif, sensible et
attentionné. Fils de révolutionnaires espagnols, il a été naturalisé français
durant sa jeunesse et a retenu de ses parents en prônant l'anarchie. Pas
l'anarchie des punks bidon, la vraie anarchie, l'anarchie pour La Cause, celle
qui était prête à tuer, en 68. Jovillard a mangé sa part de coups sur la gueule,
a toujours servi la contrepartie à ces coups, a fait de la prison, a appris à
se battre, à manier les armes. Et une balle qui lui effleura la tête l'a laissé
sourd-muet, maintenant étranger au monde des « zorros » (oraux) et de la
musique. Il n'a jamais appris le langage des signes et ne communique,
uniquement lorsque c'est nécessaire, que par petits papiers, des mots
griffonnés dans un carnet, sur un papier qui traînait là, ou encore sur la
nappe du restaurant, qui finit inévitablement noircie de pattes de mouche. Et
Enric ne supporte pas les fautes d'orthographe.
Description:
La Belle de Fontenay, c'est une variété de patates, que l'on connaît aussi sous le nom de Hénaut. Verte, délicieuse, très ferme à la vapeur, se récolte à partir de juin. Mais cependant très fragile, nécessite du boulot. Voyez, l'ignorance est déjà chose du passé.
La raison de cette introduction potagère, c'est la passion de Enric Jovillard, le narrateur de ce livre. Enric a la soixantaine, célibataire, pas d'enfants, et jardinier compréhensif, sensible et attentionné. Fils de révolutionnaires espagnols, il a été naturalisé français durant sa jeunesse et a retenu de ses parents en prônant l'anarchie. Pas l'anarchie des punks bidon, la vraie anarchie, l'anarchie pour La Cause, celle qui était prête à tuer, en 68. Jovillard a mangé sa part de coups sur la gueule, a toujours servi la contrepartie à ces coups, a fait de la prison, a appris à se battre, à manier les armes. Et une balle qui lui effleura la tête l'a laissé sourd-muet, maintenant étranger au monde des « zorros » (oraux) et de la musique. Il n'a jamais appris le langage des signes et ne communique, uniquement lorsque c'est nécessaire, que par petits papiers, des mots griffonnés dans un carnet, sur un papier qui traînait là, ou encore sur la nappe du restaurant, qui finit inévitablement noircie de pattes de mouche. Et Enric ne supporte pas les fautes d'orthographe.