1280 ÂMes

Jean-Bernard Pouy

Book 1 of Pierre de Gondol

Language: English

Published: Jul 16, 2011

Description:

Dans ce roman Jean-Bernard Pouy se donne complètement à ce qui sous-tend tous ses autres romans et nouvelles : l’exercice de style. Exercice de style et recherche 
car il ne suffit pas d’essayer d’épater la galerie, il faut être lisible. Jean-Bernard Pouy réussit le tour de force de nous emmener sur les traces d’un écrivain sans le pasticher, revisitant son œuvre sans la piller. Mais voyons plutôt. En mettant en scène un personnage nouveau de détective (pas tout à fait nouveau puisque Lawrence Block avec Bernie Rhodenbarr nous en propose un particulièrement savoureux mais il ne faut pas oublier que son état de libraire n’est qu’une façade de même que celui inventé par ou encore dernièrement par Alix Clémence dont le bouquiniste est spécialisé dans les romans libertins) du nom de Pierre de Gondol, bouquiniste érudit. D’ailleurs Pierre de Gondol s’amuse en répondant aux questions les plus diverses de ses clients, soit en retrouvant l’auteur d’une citation, soit en affabulant sur des biographies les plus saugrenues. Justement l’un de ses clients lui demande d’enquêter sur la disparition de cinq personnages entre le roman original de Jim Thompson Pop 1280 et la traduction française 1275 âmes. Une enquête qu’il prend au sérieux en se rendant à la Bilipo, reçu par “ des dames d’une gentillesse exquise, un peu anglo-saxonnes dans l’approche et le maintien ” et en étudiant les thèses de Michael MacCauley ou les articles déjà consacrés à ce phénomène de tour de passe-passe, hommage au regretté Pierre Bertin, et parus dans 813. Ainsi que des passages occultés dans les diverses éditions et rééditions et qui donnent parfois un tout autre sens au récit ou lui apportent une joyeuse note farfelue. Et tout en se délectant à la vision de rediffusions de films adaptés de romans de Thompson, Pierre de Gondol oppose le cinéma au livre, l’avantage étant à ce dernier. Mais le mieux est peut-être, sûrement même, de lire ce roman jubilatoire en diable qui nous ouvre bien des horizons, et dont l’épilogue est pour le moins iconoclaste. Si les autres auteurs de cette nouvelle série se comportent dans la lignée de Pouy, nul doute que Pierre de Gondol pourrait supplanter Le Poulpe. C’est ce que je pensais en écrivant cette chronique lors de la parution du roman, malheureusement ce ne fut pas le cas malgré les textes de qualité qui furent publiés dans cette collection éphémère. Pouy ne nous mène pas en bateau, mais qu’est-ce qu’on se gondole.